Le temps retrouvé,
Quel joli nom pour une fête de village où l'on redécouvre les vieux métiers et pour moi, quel souvenir!
Tout à coup, je l'ai revue, vêtue de son grand tablier,ses cheveux emprisonnés dans un fichu protecteur, assise à cheval sur la cardeuse, poussant le balancier griffu et aérant cette laine blanche et neigeuse qu'elle avait récupérée.
C'était toujours en juillet, quand les journées longues et chaudes permettaient un travail de longue haleine, même de longues alènes devrais-je écrire.
Une semaine était nécessaire pour carder, recarder et dépoussiérer la matière première des matelas et couvertures qu'elle confectionnait.
Au dernier passage entre les pointes hérissées, elle façonnait des briques de laine qu'elle empilait dans un grand ballot qu'il fallait protéger de l'humidité nocturne car tout se faisait en plein air.
Pendant ce temps, mon père fabriquait le cadre qui servirait de support à son travail, et le jour J de très bonne heure, au lever du soleil, elle se mettait à l'ouvrage, la toile était tendue, la laine disposée en plusieurs épaisseurs, à midi les piqures étaient bien avancées et le soir le matelas prêt à bercer les rêves du quidam qui l'avait commandé.
Pour les couvertures, le piquage devenait un travail d'artiste où elle excellait.
Dans mes placards dort encore celle qui fut mon cadeau de mariage: jaune d'or à volants .....démodés.